mardi 26 mai 2015

La Région Bretagne au Burkina Faso


A l'occasion de la délégation du Conseil régional de Bretagne, je me suis rendue en Région Centre du Burkina Faso du 20 au 25 avril


Burkina Faso : "Le pays des hommes intègres"

Ouagadougou, la capitale du pays et de la Région Centre
Le Conseil Régional de Bretagne développe une coopération décentralisée avec une collectivité africaine, le Conseil Régional du Centre du Burkina Faso. La coopération porte sur l'ensemble des compétences de nos deux collectivités. A ce stade, elle s'est essentiellement engagée autour d'un projet de maraîchage bio durable et économiquement viable à Ouagadougou, capitale du pays, et dans six autres communes de la Région Centre. Le programme touche aujourd'hui 9 coopératives et plus de 600 producteurs et productrices.



Forough SALAMI, vice-présidente de la Région Bretagne chargée de l'international, a conduit une délégation associant Michel MORIN, vice-président à l'agriculture et à l'agro-alimentaire et moi-même, vice-présidente à l'égalité des droits entre les femmes et les hommes et à l'innovation sociale. L'administration était représentée par Pierre-Yves LE CHAT, chef du service des coopérations Nord-Sud de la Région.


La Région Centre, au cœur du Burkina Faso



Un contexte politique instable depuis la révolution de 2014


La révolution populaire de novembre 2014 au Burkina Faso entraîne l'éviction du Président de la République Blaise COMPAORE, candidat à sa propre succession. Depuis lors, un régime de transition est instauré, à sa tête : Christian KAFANDO, sous le titre de Président de transition. Cette situation perdurera jusqu'aux prochaines élections présidentielles et législatives prévues en octobre 2015, suivies des élections régionales et communales en janvier 2016.

Les élus en place, présidents de Région, maires des communes, ont quasiment tous été mis en congé de leur fonction. Une loi vient d'être adoptée pour interdire aux élus ayant témoigné trop fortement leur soutien public à Blaise COMPAORE de se représenter aux prochaines élections. Cette situation temporaire ne contribue pas à la clarification des rôles et missions de chacun, même si, les Conseils régionaux et les communes sont actuellement dirigés par les gouverneurs. Notre délégation a ainsi été accueillie par Joachim SOMDA, Gouverneur de la Région Centre et actuel Président du Conseil régional du Centre par délégation.



Rencontre avec des commerçant·e·s et producteurs/productrices au Conseil Régional du Centre (CRC)



Commerçant·e·s, producteurs et productrices



Les commerçant·e·s, qui sont essentiellement des femmes, soulignent que le travail s'est amélioré avec le projet du CRC. Mais la production est insuffisante pour satisfaire la demande. 







  

Producteurs de la Région Centre, réunis au Conseil




Les producteurs et productrices abordent le problème de l'accès à l'eau, du manque criant d'arrosage pour assurer un développement harmonieux, efficace et durable des productions maraichères. Les engrais livrés sont également peu adaptés à la terre ou aux cultures et les semences de mauvaise qualité.






Au Ministère de la promotion de la femme : le constat du difficile accès à la terre



Rencontre au Ministère de la promotion de la femme

Le Burkina Faso a adopté en 2009 sa "politique nationale pour le genre". Lors de notre rencontre au Ministère de la promotion de la femme, plusieurs enjeux sont soulevés, relatifs à la mise en œuvre de cette politique au regard du projet de maraichage de la Région Centre.

Le Ministère dispose de représentantes dans chaque région et chaque commune. Dans chaque ville, une Maison de la femme est créée comme centre de promotion féminine, ayant vocation à rassembler les femmes, les accueillir et développer des formations d'alphabétisation, de tissage, etc.

L'accès à la terre reste un enjeu déterminant. Le Burkina a adopté une loi en 2009 qui visait à assurer aux femmes l'attribution de 30% des terres. Pour cause, si ce sont les femmes qui travaillent la terre, ce sont les hommes qui la possèdent. Selon le Ministère, la mise en œuvre de la loi passera par la sensibilisation des femmes mais aussi des leaders coutumiers et des chefs de village afin de faire évoluer la tradition qui attribue à l'homme la propriété. Par ailleurs, l'organisation de coopératives favorise la reconnaissance du travail des femmes dans la production maraichère locale. La coopérative étant une structure égalitaire par essence.

Permettre aux femmes maraichères de sortir du secteur informel et de pouvoir vivre de leur activité comme génératrice de revenus reste une priorité.



Rencontre : les maraichères de la coopérative de Tanghin témoignent


Rencontre et échanges avec les maraichères de Tanghin





Une belle rencontre en cette matinée avec les femmes de la coopérative maraichère de Tanghin, un quartier de Ouagadougou, en présence des hommes responsables du secteur. Cette coopérative rassemble une majorité de femmes productrices (de feuilles essentiellement). Elles se sont réunies, malgré l'heure de l'arrosage des cultures, afin de nous faire part des avancées et des difficultés auxquelles elles sont confrontées au quotidien.

D'emblée le manque d'eau est révélé comme problème majeur. Nous l'entendrons tout au long de notre déplacement, de la part de chacun·e des acteurs et actrices. Les femmes sont les premières concernées par cet enjeu. Elles doivent tirer l'eau du puits, l'acheminer vers les cultures et assurer l'arrosage, alors que les puits manquent et ne sont pas assez profonds.

L'accès aux intrants (semences, engrais, etc.) est également remis en cause. La faiblesse des revenus ne permet pas toujours d'investir dans ces derniers. D'où l'intérêt de la coopérative, qui permet un meilleur accès aux crédits et des prix moins élevés.

D'autre part, la diversification de l'activité est nécessaire. A la saison sèche, lorsque les cultures ne permettent plus de dégager de revenus, il faudrait pouvoir mettre en place des activités complémentaires.

Enfin, les femmes de la coopérative témoignent du manque de reconnaissance à leur égard. Alors que du matin au soir elles travaillent dans les champs et organisent la subsistance de la famille au quotidien, elles nous font part de leur sentiment de ne pas être reconnues pour le travail réalisé. Il leur est également plus difficile d'accéder aux crédits en tant que femmes.

Elles souhaitent pouvoir bénéficier des formations proposées aux membres de la coopérative. Les hommes ont plus spontanément accès aux formations, alors que ce sont les femmes qui sont dans les champs. Elles souhaiteraient suivre des formations techniques ciblées selon les besoins, par exemple sur les pesticides, les techniques de cultures, etc.





Le point de vue du Directeur régional adjoint du Ministère de l'agriculture, Julien OUEDRAOGO

Multiplier les coopératives reste un enjeu majeur du développement de l'agriculture locale du pays. Elles rassemblent des producteurs et productrices et mutualisent les risques et les succès. Aujourd'hui, seul un·e produteur/trice sur dix est membre d'une coopérative.


Rencontre avec Julien OUEDRAOGO, Directeur régional adjoint du Ministère de l'agriculture

Le Ministère souhaite agir sur plusieurs leviers :
 
  • Concernant la problématique de l'eau, il relève que l'enjeu principal est la gestion de l'eau et le développement de nouvelles méthodes d'irrigation

  • Il souligne la nécessité de penser la rotation des productions.

  • Au sujet de la formation, il évoque la fixation d'un taux 40% minimum de femmes présentes avant d'aménager une parcelle pour sa culture. Il encourage ainsi l'accès des femmes à la formation comme gage d'efficacité de mise en œuvre. Il propose de développer des formations sur le compost biologique, à des fins d'utilisation et de production permettant ainsi de diversifier l'activité des femmes.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire