Monsieur le Président, Cher/es collègues,
Le projet de budget pour l'année 2014, soumis à votre vote, vous propose de nouveau, de considérer l'égalité entre les femmes et les hommes comme une politique irriguant l'ensemble des compétences de la région, comme une politique s'inscrivant 365 jours sur 365 dans le quotidien des breton/nes. En Bretagne aussi, « le 8 mars c'est toute l'année ».
Vous le savez désormais, la politique d''égalité de droits entre les femmes et les hommes à la région Bretagne a pour fil conducteur la notion d'éducation à l'égalité. Depuis 10 ans maintenant, nous avons engagé une sensibilisation à l'égalité f/h, avec une double priorité : la jeunesse et le monde du travail et de la formation.
Sensibiliser la jeunesse bretonne
En direction de la jeunesse, l'égalité se décline au travers des projets Karta proposés aux lycéen-nes et aux apprenti-es dans les lycées et les Centre de Formation pour Adultes et par la préparation de la 4è biennale à Lorient les 16 et 17 mai prochain, qui verra à nouveau l'affluence de nombreuses jeunes filles et garçons de notre région.
Ce choix politique à destination de la jeunesse résulte d'un constat, celui de la persistance d'inégalités entre les filles et les garçons. Ces inégalités se retrouvent au lycée et dans nos CFA. On peut noter que les préoccupations 1ères qui s'expriment chez nos lycéen/nes portent sur la prévention des comportements sexistes, l’élargissement des choix professionnels pour les filles comme pour les garçons, une meilleure connaissance de sa sexualité et des sexualités, l’action contre l’homophobie, le respect des relations filles/garçons, l’estime de soi.
Ces inégalités ne sont pas le fruit de la nature, mais bien d’un héritage social qui nous amène à construire des filles et des garçons inégaux en droits. C’est pour cette raison que depuis 2004 la Région Bretagne a engagé une politique de formation à l’égalité auprès de ses agent/es dans les organismes de formation financés par la Région Bretagne, auprès des acteurs du monde du travail : salariés et employeurs, et auprès des lycéens et apprenti/es de Bretagne. C'est d'ailleurs ce qui nous a valu l'obtention du Label Egalité.
Le genre n'est pas une théorie, c'est un outil pour penser les différences f/h issues de notre construction sociale.
A ce jour, je n’ai pas entendu dire que les lycéennes se seraient transformées en lycéens ou les agents de la région en agentes. Cela ne veut pas dire non plus que les différences entre les femmes et les hommes sont niées. Le genre n'est pas une théorie, c'est un outil pour penser les différences f/h issues de notre construction sociale. L'égalité des droits n'implique pas de rendre les femmes et mes hommes identiques, mais de leurs reconnaître des droits égaux. Idée c'est de progresser en humanité, pas de verser dans les plus sombres conservatismes d'arrière garde, des replis sur soi qui mènent tout droit au sexisme, au racisme et à l'homophobie.
En Bretagne depuis 10 ans, la Région développe l'éducation à l'égalité et soutient les études et les recherches universitaires liées au genre. Ceci fait d'ailleurs l'objet d'une des expérimentations en cours dans le cadre de la convention « territoires d'excellence » entre le Ministère des Droits des Femmes et la région Bretagne.
Nous y travaillerons à nouveau en 2014 pour soutenir la recherche universitaire sur le genre, améliorer l'insertion des femmes diplômées des universités et grandes écoles, prévenir les comportements sexistes, ... IL est de notre devoir d'élu-e d'agir contre l'obscurantisme.
Renforcer la formation et agir sur le terrain contre les violences faites aux femmes
En 2014, cette politique d'éducation à l'égalité est élargie aux personnels des formations sanitaires et sociales. Futur/es éducateurs spécialisés, assistants sociaux, … ils et elles sont dans leur pratique, confronté/es aux violences faites aux femmes sous toutes leurs formes et aux stéréotypes en général.
Par ailleurs, toujours dans le champ de la lutte cotre les violences faites aux femmes, nous inscrivons en 2014 le soutien à une formation visant à prévenir les situations de prostitution, en partenariat avec le mouvement du Nid.
Dispositif Mégalite, charte bretonne de partenariat, soutien à l'entrepreneuriat féminin, accompagnement des entreprises sur leurs plans égalité, égalité dans l'ESS : renforcer l'égalité dans le champ économique
Nous ferons avancer l'égalité des droits entre les femmes et les hommes dans le champ économique. La Stratégie Régionale de Développement Economique, d'Innovation et d'
L'année 2014 verra la traduction de ces enjeux, par la poursuite de la charte bretonne de partenariat, par la mise en oeuvre du dispositif Mégalite tel que prévu dans le cadre des expérimentations, par le soutien à l'entrepreneuriat au féminin, par l'accompagnement des TPE/Pme dans la mise en oeuvre des lois sur l'égalité professionnelle. Enfin, l'économie sociale et solidaire sera aussi concernée, puisque nous relançons une action de visibilité des femmes dans l'ESS et d'inscription de l'égalité dans leurs pratiques entrepreneuriales....
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2 initiatives phare inscrites au pacte d'avenir pour la Bretagne : la charte bretonne de partenariat pour la qualité de l'emploi et l'expérimentation Doux
1- La charte bretonne de partenariat se voit renforcée dans son objet par l'action du Ministère des droits des femmes. Le Ministère des Droits des Femmes a engagé de réelles procédures de contrôles et de sanctions en direction des entreprises ne respectant pas les obligations légales en matière d'égalité professionnelle; En France, 500 entreprises ont été mises en demeure depuis un an, 5 ont été sanctionnées et surtout, 4000 accords sur l'égalité professionnelle ont été signés.
En Bretagne à ce jour, 554 accords et plans égalité ont été déposés, soit 28 % des entreprises bretonnes assujetties, 58 mises en demeure et 0 sanctions. La conditionnalité, l'obligation et la sanction, des financements accordés aux entreprises ne constituent donc pas un frein au progrès, ni à la bonne santé économique de ces entreprises, au contraire c'est un élément de leur dynamisme, un élément de progrès.
2- L'expérimentation portant sur les « ex-salariées du groupe Doux du Morbihan » va se poursuivre en 2014. Depuis un an, nous analysons les politiques de reclassement par le prisme de l'égalité entre les femmes et les hommes. J'ai rencontré il y a quelques jours une partie de ces femmes qui saluent l'action de la région Bretagne à leurs côtés, lorsque au pire moment, elles avaient l'impression d'être seules, laissées sur le bord du chemin, sans solution et sans interlocuteur. D'ailleurs depuis quelque temps, elles refusent de s'appeler les « ex-salariées de chez Doux », mais se sont dénommées « groupe région ». Tout est dit !
Après avoir passé 20 ou 30 ans dans la même usine, au même poste à reproduire les mêmes gestes, et se voir licenciée, on peut comprendre qu'engager des démarches pour retrouver du travail du jour au lendemain, ne constitue pas une évidence. Il fallait être là, pour écouter, pour donner du temps et redonner confiance.
L'idée est de penser le processus classique de reclassement des salariées sous l'angle de l'égalité professionnelle ou du genre permet d'être plus proche des besoins de chacun-e. On ne reclasse pas de la même manière un homme ou une femme, une femme de 50 ans ou un homme de 30 ans, une ouvrière ou un cadre, … C'est une question de genre !
Nous travaillons en transversalité afin de 3 relever un triple enjeu :
- proposer l'ensemble des champs de métiers aux femmes, et ne pas les cantonner à l'aide à domicile, la grande distribution ou l'agro-alimentaire ;
- avoir une approche globale de leur situation : plus que sur les hommes pèsent encore sur elles les questions de prise en charge familiale (enfants, petits-enfants, parents âgés), mais aussi de transport et de déplacement. Il est donc essentiel d'intégrer ces dimensions pour favoriser leur entrée en formation ou retour à l'emploi.
- mobiliser le tissu économique local pour identifier avec l'ensemble des partenaires locaux les besoins d'emploi : les tpe et pme locales, les collectivités locales, les branches, réseau d'entreprises, …
Des résultats intéressants au bout d'un an :
- des statistiques sexuées enfin identifiées au bout de 6 mois : on sait désormais que parmi les licenciées de chez Doux, 66 % sont des femmes, 85 % sont ouvrières et on plus de 50 ans.
- 103 femmes et 6 hommes se sont présentés dans notre dispositif, 31 % en formation
- des visites d'entreprises, des projets qui émergent dans le secteur du tourisme, de la plasturgie, ..., un engagement des collectivités locales : pour une 50aine des ex-salariés de Doux h/f confondus, il leur manque 1 ou 2 trimestres de travail avant de pouvoir bénéficier de leurs droits à la retraite. Les collectivités locales (communautés de communes, communes,Conseil général, et Région Bretagne) se mobilisent pour leur proposer des postes dans les temps à venir. ...
Pour 2014 :
- généraliser avec le Ministère les premiers enseignements, dispositif transposable à d'autres situations
- poursuivre le travail local avec les entreprises pour concrétiser le retour à l'emploi.
Biennale : comment l'égalité change la vie ?
Enfin, 2014 sera l'année de la 4ème biennale de l'égalité f/h. Un rendez-vous de travail pour l'ensemble des réseaux égalité de Bretagne et d'ailleurs. Depuis un an, plus de 250 partenaires travaillent ensemble pour élaborer le programme qui devrait permettre de répondre à la question suivante : au travail, à la maison, à l’école, dans le quartier, en politique, à tous les âges et dans tous les domaines, l'égalité des droits entre les femmes et les hommes nous concerne toutes et tous …mais que change-t-elle concrètement, dans nos vies ?Cette nouvelle édition s'inscrit dans le débat actuel et se veut utile aux femmes et aux hommes qui vivent aujourd'hui en Bretagne.
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