Faire progresser l'égalité dans l'enseignement supérieur et la recherche, présentation de l’expérimentation menée en Bretagne, le 10 juin dernier

La Bretagne est la seule Région retenue par le Ministère des droits des femmes pour mener une expérimentation visant à faire progresser l'égalité entre les femmes et les hommes dans l'enseignement supérieur et la recherche. Le 10 juin dernier, j’ai présenté devant le comité de pilotage  national des expérimentations « des territoires de l'excellence : égalité professionnelle entre les femmes et les hommes » les constats et les axes stratégiques retenus par les acteurs de l’égalité bretons associés à la démarche.


La Région Bretagne réunit régulièrement les acteurs du Conseil pour l'égalité entre les femmes et les hommes en Bretagne  qui agissent ensemble pour l’égalité dans l’enseignement supérieur et la recherche

Pourquoi ?

• Le développement de politiques de l’enseignement supérieur et de la recherche est inscrit dans les compétences des Conseils Régionaux.
• Le monde de la recherche et de l'enseignement supérieur doit  relever le défi de la mixité des filières et de l'égalité des droits filles/garçons.
• Les universités et les écoles de l’enseignement supérieur sont des lieux de diffusion et d'apprentissage des savoirs, des lieux dans lesquels peuvent s’opérer la déconstruction des stéréotypes, des préjugés et des images sexistes.
• A la fois lieux de formation initiale, de formation continue et de délivrance de diplômes, les écoles de l’enseignement supérieur et les universités sont responsables des contenus qu’elles dispensent. Dans ces contenus et dans tous les cursus, quel que soit l’âge de l’apprenant, les fondamentaux liés à l’égalité doivent y être enseignés.
• L'université ou les écoles de l’enseignement supérieur sont pour beaucoup la dernière étape avant l'entrée dans la vie active. L’information, la formation et l’exemplarité sont donc des leviers pour agir sur l’égalité des droits et des chances entre les femmes et les hommes.

Choix d’orientation des filles, difficile insertion professionnelle, régression de la présence des filles dans les écoles d’ingénieur… un constat alarmant !

• Avec 55 % des inscrites en 2010, les jeunes femmes sont plus nombreuses que les garçons à investir l'enseignement supérieur. Elles sont 30 % à être diplômées de l'enseignement supérieur, contre 22 % des garçons. Malgré ces bons résultats, leur insertion sur le marché du travail est plus difficile.
• Cette situation s'explique par les choix d'orientation initiaux et le maintien des filles et des garçons dans des filières très sexuées.
• Si les filles sont majoritaires en filière S au lycée, quand elles se destinent aux Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles, 73 % d’entre elles choisissent une classe préparatoire littéraire. Elles sont bien  moins nombreuses en classes préparatoires scientifiques.
• Toujours en 2010, en Bretagne, 25 % des filles s'orientent vers les formations en IUT, 27,5 % en écoles d'ingénieur, mais elles sont 85 % dans les écoles paramédicales.
• Les filles sont également majoritaires chez les doctorants, mais là encore, elles subissent de grandes inégalités. Regroupées dans des filières de formation très sexuées, elles ont de plus en plus de difficultés à s'insérer dans l'emploi à l'issue de leur formation et elles ont globalement moins accès aux financements de leurs études.
• Du côté des grandes écoles, la situation se dégrade et la place des filles dans certaines filières de formation régresse : en école d’ingénieur, elles sont moins de 30%. Dans certaines filières, les enseignants sont exclusivement masculins ou féminins, un phénomène qui, si on ne fait rien, risque de s’intensifier.
• Tout l'enjeu de l'égalité femmes/hommes dans l’enseignement supérieur et la recherche est de réussir l'intégration des études sur le genre dans les enseignements. En France, à l'heure actuelle, on recense 249 publications sur le genre par semaine.
• Aujourd’hui, avec les acteurs du Conseil pour l'égalité entre les femmes et les hommes en Bretagne, nous analysons les freins à l'insertion professionnelle des jeunes femmes issues de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Axes de travail retenus en Bretagne

Nous demandons des statistiques sexuées, analysons les parcours des étudiantes, nous intéressons aux pratiques RH  des entreprises bretonnes pour comprendre les mécanismes qui poussent les jeunes diplômées à quitter la région pour maintenir leur niveau de qualification où accepter un emploi sous qualifié en Bretagne.

Nous poursuivons et encourageons les études, les recherches sur le Genre et développons les formations au Genre. Dans les universités et les grandes écoles, la sensibilisation des enseignants, des personnels est une obligation. Mais il faut aussi former au Genre des entreprises car elles sont directement impliquées dans l’insertion professionnelle des jeunes filles.

Enfin le Conseil pour l'égalité entre les femmes et les hommes en Bretagne souhaite intervenir face à des faits inquiétants dont sont victimes les étudiantes : actes de violence, recours à la prostitution, harcèlement observé à l’encontre des doctorantes.