« Je voudrais saluer votre présence à tous et à toutes, lors de cette commémoration de la traite, des esclavages et leurs abolitions. Cela fait 10 ans que la France a décidé de faire du 10 mai le jour de commémoration des esclavages, après avoir fait adopter en 2001 la première loi reconnaissant la traite et l’esclavage comme un crime contre l’humanité.
Pour la mémoire du passé
esclavagiste de notre pays, pour ne pas oublier ce lourd héritage historique,
pour la mémoire des mouvements qui ont conduit à leurs abolitions. Brest
s’honore aujourd’hui de contribuer à cette commémoration nationale.
Fondamentale pour le présent et
le futur. Les héritages contemporains à la traite et à l’esclavage sont
légions. Puisque vous avez souhaité, Monsieur le Président au nom de votre
association, donner un éclairage particulier cette année sur l’esclavage des
femmes et les rapports de domination toujours en cours entre les femmes et les
hommes, je prendrai ici des exemples relatifs à la situation des femmes. Cette
commémoration est fondamentale pour le présent et le futur.
Au lendemain du 8 mai que nous venons aussi de commémorer, le 10 mai prend tout son sens pour rappeler que les atrocités de la guerre, des guerres sont aussi porteuses de rapports de domination de nature esclavagiste. S’il ne fallait prendre un seul exemple, je citerai ici les situations faites aux femmes, aux jeunes filles se rendant à l’école et enlevées par la secte Boko Haram, et le sort qui leur est réservé encore aujourd’hui. Un esclavage moderne.
Il n’est pas toujours nécessaire
d’aller chercher hors de nos frontières des exemples de traite et d’esclavage
moderne. Une fois encore l’actualité nous donne une terrible illustration
venant rappeler que les violences sexuelles ou sexistes à l’encontre des femmes
constituent une atteinte à notre humanité, et sont assimilables à des formes
actuelles d’esclavage.
Cette journée de commémoration est l’occasion aussi d’évoquer les dynamiques abolitionnistes et les avancées obtenues sur le plan des droits humains. L’actualité de ces dernières semaines nous donne l’occasion de nous féliciter de l’adoption d’une nouvelle loi. Le 6 avril 2016, l’Assemblée Nationale a adopté une loi de lutte contre le système prostitutionnel, venant rappeler que la traite des femmes est interdite et que le corps humain n’est pas une marchandise.
Finalement on le voit bien au
travers de ces exemples, ce qui est en question lors de cette journée de
commémoration du 10 mai, n’est autre que notre rapport à l’humanité. Au travers
de la traite, de l’esclavage nous touchons à des enjeux universels.
Pour traiter de la grande
question de notre humanité, quoi de mieux que de faire appel aux artistes, aux
arts et à la culture ? C’est le sens de cette œuvre « Mémoires »
qui permet le large rassemblement d’aujourd’hui dans le cadre de cette
commémoration des esclavages. La Ville de Brest s’honore de l’existence sur son
territoire depuis un an d’une nouvelle œuvre. Une œuvre qui fait sens, une
œuvre portée depuis de nombreuses années par votre association, une œuvre
réalisée par Marc Morvan, une œuvre que nous avons accueilli avec beaucoup
d’enthousiasme et de sens. La Ville de Brest s’inscrit dans une longue
tradition de présence artistique dans l’espace public. Depuis plusieurs
décennies plusieurs centaines d’œuvres dialoguent dans notre espace public. On
peut les apprécier, on peut aussi ne pas les apprécier. Mais là n’est pas le
sujet. L’enjeu, est de permettre au plus grand nombre de rencontrer des œuvres,
voire des artistes, dans un accès libre, gratuit pour tous, de jour comme de
nuit. Seul l’espace public aujourd’hui le permet. La ville de Brest propose une
diversité d’œuvres et de démarches artistiques, rappelant ainsi le rôle
essentiel de l’artiste dans la ville et le droit de tous citoyens d’accéder aux
œuvres. Créer des espaces dédiés à l’imaginaire dans nos villes, relève de la
nécessité publique.
Brest est une ville ouverte aux autres, un port qui
accueille tous les métissages, et qui n’entend pas renoncer à cette part
d’humanité dans laquelle, les arts et les artistes sont essentiels. »
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