jeudi 15 octobre 2015

Lettre aux communistes du Finistère


Vous avez reçu, ces derniers jours, une expression des élu∙e∙s communistes sortant∙e∙s du Conseil Régional de Bretagne, vous informant des démarches menées pour qu'au soir des élections régionales, la Bretagne reste à gauche (cf. article précédent). Les 7 élu∙e∙s communistes, à l'unanimité, ont pris leur responsabilité en considérant qu'à l'occasion des prochaines élections, il fallait battre la droite, combattre l'extrême-droite et maintenir à gauche la Bretagne sur des bases progressistes et sociales.

C'est le travail mené ces derniers temps par les élu∙e∙s sortant∙e∙s à partir de leur bilan, de propositions innovantes, socialement utiles comme celles de formaliser en région la sécurisation des parcours professionnels.


Je partage et je soutiens cette démarche pour plusieurs raisons 

1) On ne peut rayer d'un trait, ignorer même, le bilan de 11 années d'exercice commun de la responsabilité régionale avec les autres forces de gauche. 

2) Mon engagement de communiste s'est construit sur la conviction que pour faire avancer les enjeux de société, il fallait participer aux lieux de décision ; que la critique seule était stérile. C'est le sens de ces années passées avec les autres forces de gauche à agir pour l'égalité des droits f/h. C'est le sens des propositions pour un futur mandat qui ont été retenues : conforter le développement des services publics en Bretagne, poursuivre le développement culturel, sportif, la construction de lycées, l'ambition publique autour de la LGV, mener à bien le développement du port de Brest, projet de référence en Bretagne, créateur de richesses et d'emplois.

C'est la même logique qui nous a conduit à être élu∙e∙s à la Ville et à la Métropole brestoise, dans une équipe de rassemblement de la gauche, sur la base de contenus de progrès, depuis 1989. Nous avons toujours eu vocation à nous unir, à nous rassembler. 

3) La démarche portée par les élu∙e∙s communistes sortant∙e∙s du Conseil Régional s'inscrit dans une approche collective des candidatures. L'accord passé avec la majorité sortante porte sur la constitution d'un groupe représentant notre sensibilité. La prochaine mandature devra compter avec un groupe composé de 2 élus sortants et 2 nouvelles élues issues du monde du travail et de la vie associative. Une démarche collective et rassembleuse, ouverte vers des militantes de terrain.   

Pour ma part, j'ai décidé de ne pas me représenter

Après 17 années de mandat au Conseil Régional dont 11 années au service de la politique d'égalité des droits femmes/hommes, j'ai souhaité m'appliquer le principe non écrit, de renouvellement et de non-cumul des mandats. J'ai vécu l'engagement régional avec beaucoup de plaisir et d'enrichissement, accompagné de belles rencontres et de belles batailles. 

J'ai toujours considéré mes mandats d'élue comme des actes militants, au service de l'intérêt général et de l'action pour améliorer le quotidien. Je ne me suis jamais inscrite dans des pratiques de conquête du pouvoir pour le pouvoir. Rappelez-vous, ce sont les dirigeants fédéraux de l'époque qui sont venus me chercher en 1998, j'avais alors 25 ans, pour que je devienne élue régionale. C'est sur la base de mes actions menées à la région que j'ai été reconduite en 2004 et 2010. Ce sont d'autres dirigeants fédéraux qui sont venus me chercher pour que j'assume la responsabilité de Secrétaire Fédérale du Finistère, dans un contexte de crise. Je n'ai pour ma part, jamais pensé en terme de « prise de pouvoir », ni de « plan de carrière ».

Durant toutes ces années, je ne me suis pas enrichie. Au parti communiste, les camarades qui deviennent élu∙e∙s sont sollicité∙e∙s. Ils ou elles sont amené∙e∙s à quitter leur emploi, à se mettre à temps partiel, afin de consacrer pleinement une période de leur vie à l'engagement politique. Le retour à l'emploi de ces camarades reste un peu plus compliqué que pour tout autre salarié, tant le statut de dirigeant politique peut être exposé aux discriminations d'employeurs, eu égard aux communistes et aux élus. La responsabilité de nos instances dirigeantes est ici engagée, par nos statuts, pour permettre le retour à l'activité professionnelle des militant∙e∙s concerné∙e∙s. 

Un bilan marqué de l'empreinte des valeurs communistes 

Je fais le choix de ne pas renouveler la responsabilité régionale, un choix serein et clair. Au bilan de ces années, les communistes bretons auront marqué de leur empreinte les politiques régionales et cela devra se poursuivre. Pour ma part, j'ai créé, porté et fait rayonner une politique nouvelle, celle de l'égalité des droits f/h. Je n'en suis pas restée aux discours, mais j'ai agi pour les femmes de Bretagne, celles victimes de violences, celles créatrices d'entreprises, les salariées de l'agro-alimentaire, pour les agent∙e∙s du Conseil régional, etc… toujours en rassemblant la diversité des opinions, à l'exemple du Conseil pour l'égalité qui aujourd'hui rassemble 700 membres. Ou par l'organisation des biennales de l'égalité. 

En menant les batailles pour de nouveaux droits pour les femmes, de nouveaux financements pour les aides aux entreprises, en expérimentant de nouvelles pratiques démocratiques, j'ai mis en œuvre mes valeurs, nos valeurs, en les confrontant aux réalités de la vie quotidienne. 

Dans la nouvelle configuration de groupe, le Finistère sera représenté par une candidate d'ouverture, une femme de 43 ans, dirigeante associative et engagée sur nos valeurs de progrès, de lutte contre les inégalités et de nouvelles pratiques citoyennes. 

J'ai pensé que sa candidature permettait de fédérer au-delà des seuls communistes et ainsi de répondre à l'ambition qui est la nôtre, d'ouverture aux autres et de rassemblement des progressistes.

Et maintenant ?

Je reste en politique. J'ai un engagement local tout aussi passionnant en tant qu'Adjointe au Maire de Brest à la culture et Conseillère Métropolitaine.

J'aspire également à renouer avec une activité professionnelle.

La présence sur la liste d'union de la majorité sortante de 4 candidat∙e∙s devrait nous permettre d'avoir des élu∙e∙s de notre sensibilité au soir des élections régionales. C'est une bonne nouvelle pour tous les démocrates attachés aux valeurs de progrès et de démocratie. Un combat s'engage pour maintenir la Bretagne à gauche. L'enjeu est d'autant plus fort, que le risque demain de voir réapparaître dans l'hémicycle régional des élu∙e∙s du Front National est réel. J'ai connu un mandat (1998-2004) avec la présence de ces élu∙e∙s. C'est juste impensable. Notre responsabilité est entière pour combattre leurs idées nauséabondes et ne pas labourer sur le même terrain de la désespérance sociale et du « tous pourris ». C'est aussi le sens de l'engagement des 4 candidat∙e∙s sur une liste de large rassemblement de gauche.

J'ai souhaité vous informer de ma décision, avant que cette information ne soit rendue publique. Je continuerai, à une autre place, à défendre mes valeurs.

Permettez-moi de conclure cette lettre, convaincue que le courage politique n'est pas seulement de s'opposer, ou de quitter une majorité. Le courage en politique, c'est de construire au quotidien, en rassemblant des opinions diverses pour faire avancer l'intérêt général. Alain Badiou disait aussi, « Le courage, c'est de n'être pas trop vite découragé ».


1 commentaire:

  1. Je n'aurai qu'un mot à exprimer : "MERCI"
    A très vite au détour d'une prochaine réunion, d'un prochain conseil pour l'égalité ou au détour de nouveaux combats ...

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