mercredi 11 septembre 2013

Retraites : une première journée de mobilisation qui donne confiance



La journée de mobilisation de ce mardi 10 septembre 2013, pour l'avenir du système de retraite a réuni 1500 personnes dans les rues de Brest, une participation supérieure à la première mobilisation du mouvement de 2010.  En tête du cortège qui remonte la rue Jean Jaurès, les femmes se sont mobilisées car elles figurent encore en première ligne des laissées-pour compte de cette réforme.

Ce que la réforme des retraites propose aux femmes…


En 2013, 44 % des femmes et 86 % des hommes ont pu valider une carrière complète, leur niveau de pension est en moyenne de 930 € pour 1600 € pour les hommes. 34 % d'entre elles ont validé moins de 25 trimestres (pour 4 % des hommes), elles touchent en moyenne 600 € de pension.  Actuellement, en France, une retraitée sur trois vit sous le seuil de pauvreté.

La précarité des femmes est connue et appuyée par de nombreux chiffres et de nombreuses études. Ces inégalités face à la retraite et le bas niveau des pensions des femmes sont le fruit du cumul des inégalités rencontrées tout au long de la vie au travail. Agir pour réduire les inégalités qui persistent entre les femmes et les hommes au travail (salaires, accès à tous les métiers, plafond de verre, …) et agir pour compenser ce cumul d'inégalités au moment de la retraite est avant tout une question de justice sociale.

Les femmes travaillent, ces retraitées ont travaillé toute leur vie. Le taux d'activité des femmes en France est très élevé, il grimpe à 85 %. Cette situation inégalitaire au moment de la retraite n'est pas du fait des femmes. C'est le fruit du dysfonctionnement persistant de notre marché du travail qui de l'ouvrière à la cadre, de l'employée à la cheffe d'entreprise et de l'entrée en formation jusqu'à l'âge de la retraite organise la discrimination de la moitié de l'humanité.

Notre marché du travail revêt la panoplie du parfait « discriminant » : stéréotypes des rôles féminins et masculins, inégalités de salaires, temps partiels, plancher collant et plafond de verre, soupçon de maternité, déqualification et emplois précaires, …. tout est fait pour exclure les femmes, à chaque étape de la vie au travail, de droits égaux à ceux des hommes.

Alors que faire ?

Dans la réforme posée par le gouvernement Ayrault, le compte n'y est pas.

Si des éléments concernant les salariées à temps partiel et les droits familiaux sont introduits en faveur des femmes dans cette réforme, et vont dans le bon sens, ceux-ci restent anecdotiques au regard de l'ampleur des besoins et des attentes.

La principale mesure, l'allongement de la durée de cotisation va se traduire par un recul de l'âge de départ réel et une nouvelle baisse du niveau des pensions : les femmes seront les premières victimes de ces nouvelles règles, puisque déjà aujourd'hui, 40 % des femmes ne partent pas à la retraite à taux plein contre 23 % des hommes. En 2011, 25% des femmes sont parties en retraite à 65 ans et plus, évitant ainsi la décote, contre 15 % des hommes.


2 retraitées pauvres sur 3 sont des femmes. Pour éviter que la précarité ne gagne du terrain, nous pouvons

1) Sortir des vieilles recettes et travailler sur la méthode
Il est temps de sortir des vieilles recettes, augmentation du nombre d'années de cotisation, recul de l'âge de départ réel, diminution du montant des pensions. Depuis 20 ans ces principes ont prévalu à toute réforme des retraites. Le résultat est inefficace : après chaque réforme, une nouvelle réforme nous est présentée comme inéluctable.
Quel est le résultat de ces réformes successives ? Vous le constatez comme moi, c’est l'augmentation du nombre de retraité-e-s pauvres.

2) Ouvrir le débat et orienter nos solutions vers le maintien des droits des salarié-e-s à la retraite à taux plein à 60 ans
Pour maintenir un système de retraite par répartition, d'autres réformes sont possibles. A chaque nouvelle discussion ouverte sur la question des retraites, la solution nous est présentée comme indiscutable et sans alternative. Ouvrons en grand le débat ! La question n'est pas tant de sauver un système que de poser la question du droit à la retraite à 60 ans à taux plein et des moyens pour y parvenir dans les conditions d'aujourd'hui et de demain.

3) S'attaquer au déséquilibre entre le capital et le travail et revalorisons l’emploi et les salaires
Parmi les moyens de financement de la retraite, posons la question du coût des inégalités. On le sait, le système par répartition des retraites ne souffre pas des dépenses mais bien d'un manque de recettes : baisse du pouvoir d'achat, hausse du chômage, exonérations de cotisations sociales patronales, … Le fondement du système des retraites imaginé alors par Ambroise Croizat, repose sur le développement des emplois et des salaires...
Ce n'est donc pas l'allongement de l'espérance de vie qui crée le déficit mais bien la crise, l'austérité et comme le souligne le rapport Moreau, le capitalisme financier.

4) Prendre conscience du coût des inégalités professionnelles !
Il faut y ajouter le coût des inégalités entre les femmes et les hommes. Un seul exemple : si les salaires des femmes étaient égaux à ceux des hommes, il y aurait plus de cotisations retraites et le niveau des pensions des femmes seraient rehaussé.
Les retraites des femmes posent bien sûr la question de l'égalité professionnelle :

  • Appliquons des sanctions financières aux organisations qui ne respectent pas l'égalité salariale, et demandons leurs des obligations de résultats.
  • Revalorisons les salaires dans les métiers féminisés avec une réelle prise en compte de leur pénibilité (femmes de ménage, aides-soignantes, grande distribution, agro-alimentaire)
  • Favorisons la mixité des métiers à tous les niveaux
  • Etudions une sur-cotisation patronale sur les emplois à temps partiels permettant de majorer le montant des pensions de retraite des femmes.


On vit plus longtemps ? Problème ou progrès ?
La retraite, ce n'est pas la fin de la vie, ce n'est pas le passage à l'inactivité. La retraite ne signifie pas la fin du travail mais d'abord la fin d'un emploi, d'une relation salariée ou indépendante, elle n'empêche nullement de continuer à travailler en étant libéré-e des contraintes du contrat. Elle constitue une nouvelle période de la vie sociale, un temps utile pour la société. Le droit à la retraite représente un véritable choix de société, celui qui défini la place et le rôle de nos aîné-es dans notre société.


Pour approfondir et vous mobiliser :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire