L’école de la République, qui a
su offrir à des générations de filles et de garçons la possibilité d’acquérir
des connaissances, quel que soit leur milieu social, et d’être acteur-actrice
dans la société, a beaucoup souffert au cours de cette dernière décennie.
Rompre avec les restrictions budgétaires imposées par la droite
Ni fatalité, ni hasard, mais bien
la cause d’une politique, celle de la droite au pouvoir, qui s’est traduite par
la suppression de 80 000 postes via la Révision Générale des Services
Publics (RGPP), l’introduction à l’école de la notion
« d’employabilité » et de « compétences », et la
stigmatisation du travail des enseignants et du service public en général. Ne
sous-estimons pas l’impact des attaques symboliques qui ont dévalorisé l’action
des enseignant-es. Cette remise en cause a été durement ressentie et contribue
à la dégradation de la condition enseignante, analysée dès 2008 par divers
rapports.
Avec le projet de loi de
refondation de l’école de la République une nouvelle ambition, pour cette école
à laquelle nous tenons, est aujourd’hui impulsée.
60 000 postes d’enseignants supplémentaires
Car l’urgence était bien de
rompre avec les réductions de moyens pour libérer tous les potentiels des
enfants. La décision de créer, sur cinq ans, 60 000 postes d’enseignants
va dans le bon sens. Cet effort devra être poursuivi pour obtenir, comme la loi
le prévoit, plus de professeurs que de classes. Nous avons besoin d’un
plan de rattrapage soutenu dans le temps et qui, nous l’espérons, ne sera pas
mis en cause par les nouvelles saignées induites par les politiques
budgétaires.
L’école dès 2 ans privilégiée
Ce projet de loi de refondation de l’école donne
priorité aux écoles primaire et maternelle, qui sous la droite, étaient devenue
les premières victimes de l’ajustement budgétaire du ministère de l’éducation
nationale. Pourtant chacun sait combien l’école maternelle joue un rôle décisif
dans la lutte contre l’échec scolaire et les inégalités, particulièrement pour
les enfants issus d’un milieu social défavorisé. La Bretagne en sait quelque
chose, elle qui a maintenu son attachement à l’école dès 2 ans…
La réaffirmation du rôle de la maternelle,
la création de 3 000 postes sur la totalité du quinquennat pour développer
l’accueil des moins de 3 ans est un progrès indéniable qu’il est juste de
souligner tant leur scolarisation a un effet positif en termes d’acquisition du
langage, de compréhension orale et de familiarisation avec l’écrit. Dommage
que la scolarisation à tous les enfants de 2 ans dont les parents en font la
demande n’ait pu être inscrite dans la loi.
Une réforme des rythmes scolaires pour renforcer le rôle citoyen de l’école
Cette refondation de l’école nous
conduit à la réforme - nécessaire - des rythmes scolaires. A Brest, nous ne
partons pas de rien puisque notre Ville s’est engagée très tôt pour une semaine
scolaire la plus équilibrée possible dans un seul but : l’intérêt de l’enfant. Du maintien, dès 1992,
de la semaine de 4 jours et demi dans un département passé majoritairement à la
semaine de 4 jours, jusqu’à la consultation organisée en 2008 afin de déroger à
la semaine de 4 jours mise en place par le gouvernement de droite, il nous
semblait logique que notre collectivité se saisisse de l’actuelle réforme pour
une application dès la rentrée prochaine.
Convaincus que l’heure n’est pas
à moins d’école, mais à « plus et mieux d’école », nous saluons le
travail mené dans la collectivité par les services et élu-es, dans des
conditions parfois « sportives » le décret étant sorti très tard, et
la volonté de concertation menée avec les acteurs éducatifs.
Concernant le temps périscolaire,
l’ambition de proposer des activités éducatives de qualité, assurées par la
dotation de moyens nécessaires et une gratuité pour les familles va dans le bon
sens. Le temps libéré va permettre la diversification des pratiques sportives,
culturelles et artistiques. Notre ville dispose là d’un atout incomparable
constitué par notre important réseau d’associations de quartier. Ce
rapprochement entre école et éducation populaire va dans le sens de
l’émancipation de toutes et tous en offrant des prestations de qualité et en
visant la participation du plus grand nombre. Continuer à ouvrir les portes de
l’école et des savoirs à une diversité d’intervenants et d’acteurs ne peut que
renforcer le rôle citoyen de l’école et contribuer à former des jeunes ouverts
sur le monde.
L’éducation artistique et culturelle, une diversification amorcée par
la Ville de Brest depuis les années 90
Par ailleurs, notre collectivité
se distingue par sa politique d’éducation artistique dès le plus jeune âge.
Cette ambition, notre ville la développe depuis le début des années 90. Elle se
trouve réaffirmée, dans cet aménagement des rythmes scolaires, sur le temps
scolaire. Ceci nous semble important de considérer que la culture fait partie
des enseignements fondamentaux, qu’elle n’est pas un supplément d’âme. C’est
aussi la garantie de toucher un maximum d’enfant puisque ce dispositif a
concerné en 2012, 80 % des enfants brestois scolarisés.
En concertation avec les acteurs concernés
La réussite du réaménagement des
rythmes scolaires est également conditionnée au dialogue et à la concertation
avec tous les acteurs concernés, notamment les agents de notre collectivité
directement impactés par cette réforme. La volonté politique de notre collectivité
de travailler à un véritable dialogue avec les organisations syndicales a porté
ses fruits. Nous nous félicitons de l'accord favorable, tout particulièrement
de la CGT, syndicat majoritaire pour le personnel concerné, pour la mise en
oeuvre de ce dispositif à la rentrée. Ce dialogue aboutit à garantir les
meilleures conditions d’accueil des enfants et les moins pénalisantes pour
l’ensemble de ses agents. Il est vrai que tout a été fait pour permettre de
réduire le temps partiel des agent-es et donc améliorer le niveau de salaire
perçu dans ces cas-là, question centrale puisqu'il s'agit très majoritairement
d'emplois occupés par des femmes.
Le recrutement de 150 emplois
contractuels pour les temps d’animation périscolaire, sur la base du statut de la
fonction publique territoriale, pour une durée de 10 mois, nous satisfait
d’autant plus qu’est affirmée la volonté de pérennisation de ces emplois à
l’issue de l’expérimentation, une fois le besoin quantifié, aux fins de
titularisation.
Intégration des enfants en situation de handicap
Nous porterons une vigilance
concernant le traitement des situations de handicap. Le réaménagement des
rythmes scolaires ne peut laisser ces enfants en dehors de cette belle
ambition. Nous souhaitons que toutes les solutions soient explorées, dans le
cadre de la responsabilité de l’Etat et du département, afin que soient assurés
un encadrement spécifique si nécessaire, ou à tout le moins, une formation
spécifique des agents pour les encadrer dès la rentrée prochaine.
Nous voici donc aujourd’hui
arrivés à une étape importante. Nous serons vigilants au cours de l’année à
venir, où des ajustements tant financiers que techniques seront nécessaires, et
nous prendrons toute notre part dans le groupe de suivi et d’évaluation mis en
place par la collectivité pour suivre l’application de cette réforme, sans
quitter des yeux ce qui est le plus important : l’intérêt de l’enfant.
En conclusion, cette réforme suscite de nombreuses réactions, parce que
penser un projet pour l’école, c’est d’abord penser un projet pour la société.
Notre société est de plus en plus structurée par des savoirs complexes qui
posent le défi de l’élévation du niveau de connaissances. L’enjeu des
apprentissages est plus encore, de comprendre et de mettre en relation des
savoirs.
L’objectif premier est bien d’assurer à tous les enfants une culture
commune de haut niveau, en réaffirmant l’enjeu des mixités et du « tous
capables ». Ce sont les conditions de l’école émancipatrice, les
conditions de l’avenir.
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