jeudi 28 février 2013

La mixité dans l'orientation, Orléans, 7 février 2013



Le  7 février dernier, à Orléans, je suis intervenue à l'invitation de la Région Centre, de l'ARF et du Ministère des droits des femmes sur « la mixité dans l'orientation » car la Bretagne mène depuis plusieurs années déjà des expérimentations auprès des élèves des lycées, auprès des familles, auprès des personnels des lycées ou encore auprès des conseillers chargés de l'orientation.

En Bretagne, comme ailleurs, les filles réussissent mieux que les garçons à l'école, et à tous les âges de la vie. Pour autant, elles s'insèrent en moyenne dans 12 familles professionnelles parmi les 87 existantes. De même à l'université, les filles sont majoritaires, mais on les retrouve plutôt dans des filières de formation très sexuées comme en arts, lettres, langues et désormais en  médecine.
Ces constats sont avant tout le résultat d'une construction sociale et ne doivent rien à la nature, comme on l'entend encore trop souvent. Les filles n'ont pas de compétences naturelles à exercer tel ou tel métier, être femme de ménage est le résultat d'un apprentissage et non d'un savoir supposé acquis dès la naissance. Etre ouvrier boulanger est aussi le résultat d'un savoir maîtrisé et non la conséquence d'une prédisposition naturelle aux hommes. Les compétences ne sont pas sexuées, elles s'acquièrent et se développent au fil des apprentissages de la vie. Mais les stéréotypes, les images faciles, ont la vie dure.

La Région Bretagne s'est engagée dans une politique volontariste d'égalité des droits entre les femmes et les hommes, avec la résolution de s'attaquer au fondement de cette construction sociale qui cantonne les femmes dans les bas salaires et les hommes dans les métiers à forte charge.

Le défi posé est celui de déconstruire les stéréotypes, tout en construisant un nouveau vivre-ensemble entre les femmes et les hommes. Cette ambition passe par le développement d'une culture de l'égalité des droits entre les F/H, une formation permanente à l'égalité des droits, tout au long de la vie. Ce fil conducteur de notre politique régionale s'applique bien entendu dans le domaine de la formation et de l'orientation, principale compétence des régions aujourd'hui. L'enjeu n'est pas uniquement de permettre aux filles d'investir les métiers majoritairement occupé par les hommes et vive-versa. L'enjeu nécessite d'intervenir à la fois dans tous les champs de la vie pour que l'action ait une chance d'aboutir et que la sensibilisation produise ses effets. Sinon le plus grand risque est de devoir réitérer la formation à chaque nouvelle génération. L'objectif est la mise en oeuvre de l'égalité des droits.

Pour cela nous nous sensibilisons et formons :


  • les élèves des lycées de Bretagne, au travers du dispositif Karta (5ème axe égalité filles-garçons), que de la déclinaison régionale de la convention interministérielle pour l'égalité entre les femmes et les hommes, les filles-garçons dans le système éducatif, que des Biennales qui voient à chaque édition la participation de milliers de lycéen-nes.
  • les enseignants, au travers des réunions de proviseurs, de la biennale et du Conseil pour l'égalité
  • les familles, invitées aux biennales
  • les Techniciens Ouvriers de Service qui sont des acteurs incontournables de la vie lycéenne, par la formation des agents du Conseil régional (label égalité professionnelle)
  • Les acteurs de l'enseignement supérieur et de la recherche, autre secteur de compétence partagée avec les conseils régionaux : l'expérimentation issue du Ministère des droits des femmes, porte sur ces publics en Bretagne. 
  • Nous formons les professionnels de l'AIOA, accueil, information, Orientation et accompagnement à la culture de l'égalité des droits entre les femmes et les hommes. Par exemple, à ce jour plus de 160 salarié-es des missions locales de Bretagne ont bénéficié de cette formation.


Autre point important qui mériterait d'être généralisé au niveau national mais qui rencontre encore des freins juridiques.
La Bretagne a inscrit l'obligation pour les organismes de formation bénéficiant des appels d'offres de la région, de dispenser auprès de leurs stagiaires une formation à l'égalité des droits, et/ou de nous démontrer qu'ils respectent et mettent en oeuvre les lois sur l'égalité professionnelle en tant qu'employeur. Des freins juridiques importants liés au code des marchés publics perdurent. Il serait intéressant que le ministère nous aide à avancer en ce sens, à lever les obstacles et permettre de généraliser ces pratiques d'éducation à l'égalité.

De même, j'alerte sur la nécessité de définir un référentiel des formations à l'égalité des droits. De nombreuses formations fleurissent, dont les contenus sont très variables et toutes ne traitent pas au fond de l'égalité des droits.

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