mardi 31 mai 2016

10 mai. Journée de commémoration de la traite, des esclavages et de leurs abolitions



« Je voudrais saluer votre présence à tous et à toutes, lors de cette commémoration de la traite, des esclavages et leurs abolitions. Cela fait 10 ans que la France a décidé de faire du 10 mai le jour de commémoration des esclavages, après avoir fait adopter en 2001 la première loi reconnaissant la traite et l’esclavage comme un crime contre l’humanité.


Cette commémoration est fondamentale à plusieurs titres.
Pour la mémoire du passé esclavagiste de notre pays, pour ne pas oublier ce lourd héritage historique, pour la mémoire des mouvements qui ont conduit à leurs abolitions. Brest s’honore aujourd’hui de contribuer à cette commémoration nationale.


Fondamentale pour le présent et le futur. Les héritages contemporains à la traite et à l’esclavage sont légions. Puisque vous avez souhaité, Monsieur le Président au nom de votre association, donner un éclairage particulier cette année sur l’esclavage des femmes et les rapports de domination toujours en cours entre les femmes et les hommes, je prendrai ici des exemples relatifs à la situation des femmes. Cette commémoration est fondamentale pour le présent et le futur.

Au lendemain du 8 mai que nous venons aussi de commémorer, le 10 mai prend tout son sens pour rappeler que les atrocités de la guerre, des guerres sont aussi porteuses de rapports de domination de nature esclavagiste. S’il ne fallait prendre un seul exemple, je citerai ici les situations faites aux femmes, aux jeunes filles se rendant à l’école et enlevées par la secte Boko Haram, et le sort qui leur est réservé encore aujourd’hui. Un esclavage moderne.
Il n’est pas toujours nécessaire d’aller chercher hors de nos frontières des exemples de traite et d’esclavage moderne. Une fois encore l’actualité nous donne une terrible illustration venant rappeler que les violences sexuelles ou sexistes à l’encontre des femmes constituent une atteinte à notre humanité, et sont assimilables à des formes actuelles d’esclavage.

Cette journée de commémoration est l’occasion aussi d’évoquer les dynamiques abolitionnistes et les avancées obtenues sur le plan des droits humains. L’actualité de ces dernières semaines nous donne l’occasion de nous féliciter de l’adoption d’une nouvelle loi. Le 6 avril 2016, l’Assemblée Nationale a adopté une loi de lutte contre le système prostitutionnel, venant rappeler que la traite des femmes est interdite et que le corps humain n’est pas une marchandise.
Finalement on le voit bien au travers de ces exemples, ce qui est en question lors de cette journée de commémoration du 10 mai, n’est autre que notre rapport à l’humanité. Au travers de la traite, de l’esclavage nous touchons à des enjeux universels.
Pour traiter de la grande question de notre humanité, quoi de mieux que de faire appel aux artistes, aux arts et à la culture ? C’est le sens de cette œuvre « Mémoires » qui permet le large rassemblement d’aujourd’hui dans le cadre de cette commémoration des esclavages. La Ville de Brest s’honore de l’existence sur son territoire depuis un an d’une nouvelle œuvre. Une œuvre qui fait sens, une œuvre portée depuis de nombreuses années par votre association, une œuvre réalisée par Marc Morvan, une œuvre que nous avons accueilli avec beaucoup d’enthousiasme et de sens. La Ville de Brest s’inscrit dans une longue tradition de présence artistique dans l’espace public. Depuis plusieurs décennies plusieurs centaines d’œuvres dialoguent dans notre espace public. On peut les apprécier, on peut aussi ne pas les apprécier. Mais là n’est pas le sujet. L’enjeu, est de permettre au plus grand nombre de rencontrer des œuvres, voire des artistes, dans un accès libre, gratuit pour tous, de jour comme de nuit. Seul l’espace public aujourd’hui le permet. La ville de Brest propose une diversité d’œuvres et de démarches artistiques, rappelant ainsi le rôle essentiel de l’artiste dans la ville et le droit de tous citoyens d’accéder aux œuvres. Créer des espaces dédiés à l’imaginaire dans nos villes, relève de la nécessité publique.
Brest est une ville ouverte aux autres, un port qui accueille tous les métissages, et qui n’entend pas renoncer à cette part d’humanité dans laquelle, les arts et les artistes sont essentiels. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire