dimanche 1 décembre 2013

La loi contre le système prostitutionnel débattue depuis vendredi 30/11 à l’Assemblée : une exigence d'émancipation humaine.


"Hommes, osons la masturbation !' Message du collectif Zeromacho, hommes contre la prostitution dans le cadre du mouvement Abolition 2012 :  une alternative aux messages actuels développés par le journal Causeur

Depuis le vendredi 30 novembre 2013, la proposition de loi contre le système prostitutionnel qui propose la pénalisation du client est débattue à l'Assemblée. Je salue cette loi qui permettra de lutter efficacement contre la prostitution. La prostitution est une violence faite aux femmes, c'est même la forme la plus insupportable de la domination masculine, mêlant la domination de la femme par l'homme et l'exploitation du corps des femmes à des fins marchandes.

La prostitution reste un obstacle fondamental à l'égalité des droits entre les femmes et les hommes. Une société émancipée est une société où la prostitution est abolie, où la sexualité est libérée des violences et du marché.

Expliquons le bien fondé de cette loi, évitons les amalgames qui entretiennent les faux débats portés par quelques hommes médiatisés qui ne semblent pas être au fait des réalités…

La prostitution, une affaire d'hommes...

Les chiffres parlent d’eux-mêmes !  L'OCRTEH, l’Office Central pour la Répression de la Traite des Êtres Humains, estime entre 18 000 à 20 000 le nombre de personnes prostituées en France. D’autres organismes vont jusqu’à doubler cette estimation et avancent les chiffres de 20 à 40 000 personnes prostituées.
Toutes les études réalisées montrent que 80 à 90 % des personnes prostituées sont de sexe féminin alors que la quasi-totalité des clients sont de sexe masculin, ce qui range bien la prostitution parmi les violences faites aux femmes, une violence qui découle de la domination masculine.

Enfin 80 % des personnes prostituées sont de nationalités étrangères (Europe de l’Est, Afrique…), le plus souvent sans-papiers, à la merci des réseaux de proxénétisme et de traite des humains, mais aussi des réseaux mafieux liés au trafic de drogue.

Qui sont les clients de la prostitution ?

Difficile à dire, même si des enquêtes existent estimant qu'entre 12 à 18 % des hommes (et moins de 1 % des femmes) auraient déjà payé pour une relation sexuelle en France. Contrairement aux idées reçues, ils sont majoritairement des hommes ordinaires, en couple, pères de famille et bien insérés socialement.


La prostitution serait une affaire de choix … même de liberté individuelle

Le spectacle donné ces dernières semaines par des tenants de l'ordre masculin établi, Messieurs Begbeider ou Zemmour en tête, est pitoyable.  Sous couvert d'humour et de légèreté, les signataires de divers manifestes ou appels, tentent de justifier et de banaliser la prostitution en niant la violence pour convoquer les éternels « besoins individuels qui seraient à satisfaire ». Ceux-ci prônent le renforcement des libertés individuelles (les leurs !) et s’opposent ainsi aux mouvements féministes qui agissent, eux, contre l’exploitation sexuelle des femmes. Pour moi, ils donnent l'image triste et ringarde, de réactionnaires complaisants vis-à-vis d'un système qui maintient les femmes en infériorité. Quelle responsabilité face aux jeunes générations ! Heureusement, à l'image du collectif Zeromacho, nombreux sont les hommes qui refusent cette violence faite aux femmes !

La lutte contre la prostitution est avant tout une question de valeurs, au premier rang desquels l'Egalité des droits entre les femmes et les hommes. Cette Egalité a été instituée en principe de  notre République et se décline dans de nombreux textes internationaux. L’Europe a demandé dans une directive de 2011 aux Etats membres de « prendre les mesures nécessaires pour décourager et réduire la demande qui favorise toutes les formes d'exploitation ».

La proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel, présentée cette semaine à l’Assemblée, qualifie la prostitution de violence faites aux femmes, l’inscrit dans le champ de l’égalité entre les femmes et les hommes et la présente comme une domination des hommes sur les femmes. Elle propose de :

  • Renforcer les moyens de lutte contre le proxénétisme et la traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle
  • Mieux protéger les victimes de la prostitution et de créer un parcours d’insertion pour sortir de la prostitution
  • Supprimer le délit de racolage passif et responsabiliser le client en interdisant l’achat d’un acte sexuel

Et en Europe ?

En Allemagne, la prostitution a été légalisée et le proxénétisme dépénalisé. L’Etat a donné un statut d'entrepreneurs du sexe aux gérants de bordels. Résultat après 10 ans : les chiffres de  la prostitution ont explosé avec 400 000 personnes prostituées (10 fois plus qu’en France) et une augmentation des réseaux de proxénétisme.
A contrario en Suède, les clients sont pénalisés depuis 15 ans. Résultats : l'activité liée au proxénétisme et à la prostitution a baissé de moitié. On compterait aujourd'hui 300 personnes prostituées dans les rues et 350 sur internet, soit 4 fois moins qu'en 1995. Cette loi abolitionniste a permis de prévenir, de dissuader et de changer les mentalités.


L'heure est encore à réaffirmer le droit des femmes à disposer de leur corps. Ne pas dire oui, c'est aussi dire non. Acheter un acte sexuel, c'est s'inscrire dans un rapport de domination.
Pour progresser en humanité, il faut abolir la prostitution, il faut soustraire la sexualité à la violence et à la domination masculine. C'est une question de dignité humaine. La proposition de loi d'initiative parlementaire sera votée mercredi 4 décembre à l’Assemblée, est un pas important pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes dans notre pays.




Abolition de la prostitution : discours de... par Najat-Belkacem

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