La semaine d’actions participatives « Aux œuvres,
citoyens ! », mise en place par la Ville de Séné en cette fin d’année
2014, s’est clôturée par une table ronde dédiée aux élu-e-s :
« Quelle place pour les habitant-e-s dans les politiques culturelles
locales ? ».
Cette commune de
8 000 habitant-e-s a réuni à cette occasion pas moins de 30 élu-e-s venu-e-s de toute la Bretagne. Ceci nous
montre bien qu’il n’y a pas de petite ou de grande commune, pas de petit ou de
grand débat, pas de petit ou de grand auditoire : il y a, sur tout le
territoire, des problématiques communes aux élu-e-s et communes aux arts et à
la culture qui nous rassemblent.
Une période difficile pour les élu-e-s
Un tel temps d’échanges réservé aux élu-e-s est précieux,
particulièrement dans la période actuelle.
En effet, les élu-e-s font face à plusieurs difficultés. D’abord, au discrédit général de la politique dans l’opinion publique : ce « tous pourris ! », dont on connaît les conséquences. Ensuite, à la réforme territoriale qui fusionne les pouvoirs décentralisés et questionne la place des politiques culturelles locales. Enfin, à la baisse drastique des dotations de l’Etat qui s’accentue depuis 2008 (11 milliards de baisse prévue d’ici 2017) et influe sur les capacités d’actions des collectivités territoriales.
En effet, les élu-e-s font face à plusieurs difficultés. D’abord, au discrédit général de la politique dans l’opinion publique : ce « tous pourris ! », dont on connaît les conséquences. Ensuite, à la réforme territoriale qui fusionne les pouvoirs décentralisés et questionne la place des politiques culturelles locales. Enfin, à la baisse drastique des dotations de l’Etat qui s’accentue depuis 2008 (11 milliards de baisse prévue d’ici 2017) et influe sur les capacités d’actions des collectivités territoriales.
En tant qu’élu-e-s à la culture, nous sommes confronté-e-s à
une situation particulière, puisqu’il n’échappe à personne qu’en situation de
crise, la culture est souvent la première variable d’ajustement.
Les démarches citoyennes, telles que
celle à laquelle nous participons aujourd’hui, ne relèvent pas d’un effet de mode, mais au contraire
du fondement d’un vrai choix
politique, d’une exigence de société. Au-delà des résistances inhérentes à des
démarches nouvelles, ces dernières sont avant tout une exigence
démocratique. Il convient aujourd’hui de
décider ensemble : élu-e-s avec citoyen-ne-s.
Le succès de la démarche participative à Brest
En tant qu’Adjointe au Maire de Brest en charge de la culture
depuis 2008, j’ai conduit une démarche publique de définition de la politique
culturelle brestoise en 2009 (poursuite en 2012 et prochainement en 2015). Je
peux témoigner des enjeux d’une telle démarche participative.
La démarche brestoise s’est d’abord traduite par une année de
débats publics autour des enjeux de la place de la culture dans notre société.
Trois débats thématiques (culture et quartiers, culture et éducation, culture
et monde du travail, éducation populaire) ont ensuite vu le jour. Enfin, un
temps de restitution publique des engagements culturels pris pour le mandat a
été mis en place. Les axes d'orientation et d'action retenus lors de ces débats
citoyens y ont été exposés.
Chaque rendez-vous public a rassemblé de 200 à 300
participant-e-s. L’objectif était de viser une « vraie »
participation citoyenne : pas seulement les acteurs et actrices de la
culture au quotidien, mais aussi le monde associatif, de l'éducation, de la
recherche, du travail, et le grand public. Cet objectif a été atteint.
Des valeurs humaines, citoyennes et démocratiques
Il est essentiel de rappeler les
valeurs qui fondent notre engagement politique et notre démarche :
- La culture, une affaire d’émancipation humaine
Au cœur du projet de société, au cœur du projet politique, au
cœur du progrès, la culture est l’endroit du « je » et du
« nous », de l’individu et du collectif. C’est le champ de l'intérêt général, le lieu où combattre
l'individualisme, le chacun pour soi et l'isolement.
- La culture, une affaire d'égalité entre les citoyen-ne-s.
En temps de crise, la tentation est forte de réduire la
voilure, de vouloir se recentrer sur « les besoins que l'on pense
essentiels ». La réalité du quotidien nous est souvent opposée aux besoins
artistiques et culturels. Plutôt un stade qu'un théâtre, plutôt des logements
qu'un centre d'art contemporain, plutôt un self dans une école que la
rénovation d’un musée…
Or, précisément, plus les difficultés sont grandes, plus les
inégalités se creusent, plus la société se divise, plus l'art, la culture, en
un mot la création, doivent être soutenus. Ils sont une des outils de la
construction de l'avenir, du vivre-ensemble, du refus du repli sur soi. La
culture fait partie des besoins essentiels du quotidien. Sans culture, pas de
société, pas de dignité humaine. Les artistes sont essentiels à notre
quotidien, ils/elles contribuent avec tou-te-s les autres, à aller vers le
haut, à interroger l'existant. En ce sens, ils/elles sont salutaires.
- La culture une affaire de démocratie
La co-construction est une question politique fondamentale. La culture n’est ni un supplément d’âme, ni un luxe
accessible à quelques-un-e-s. Elle est l’affaire de toutes et tous. Former des
citoyen-ne-s libres et émancipé-e-s, former des intelligences, autant
techniques qu’humaines, faire en permanence le pari du progrès, développer une
société créative où l'imaginaire a sa place, inventer, transformer, innover... voilà
tout l’intérêt d’une politique culturelle. Quant aux publics, leur proposer ce
à quoi ils ne s’attendent pas. Tel que l’artiste, le spectateur est d'abord un-e citoyen-ne.
Un travail commun qui réaffirme la place de la culture dans nos Villes
Ces différentes initiatives permettent de réaffirmer la place
de la culture dans le projet politique de mandat. La culture ne va pas de soi.
Elle n’est pas le fruit d’un processus naturel, mais bien d’une bataille
permanente, y compris au sein de nos majorités, et ce, quel que soit leur
couleur politique.
Il s’agit de mettre en place une démarche qui fédère, fait
société, produit du commun. La marque de fabrique brestoise est le
« faire-ensemble » : entre associations, citoyen-ne-s et
élu-e-s. A Brest, je ne peux plus faire un projet toute seule et tant mieux.
Alors que montent les individualismes, on a assisté, durant ce mandat, à une
belle réappropriation citoyenne des acteurs et actrices brestois-es.
Il s’agit, enfin, de décloisonner les disciplines artistiques
et de rendre la politique culturelle transversale à toutes autres politiques de
la Ville.
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